~ Vangeance [Pv: Eokar "Oméga" Alcor]

Verdure, plaines, douceur, souvenirs d'une enfance lointaine. Retrouvailles inespérées. Voilà ce qui caractérisait mes sensations du moment lors de mon retour à Dantooine, et ce, hors du cadre d'une mission. En effet, le Conseil m'avait accordé une période de repos, j'avais tout de suite décidé de revenir sur ma planète d'origine pour revoir ma mère, dont j'avais presque oublié les traits étant donné la longue période écoulée depuis mon départ.

J'avais déposé mon chasseur sur l'un des spatioports à la bordure de la ville principale. Serviable, mon maître avait eu la gentillesse de me déposer ma Moto-Jet lors de son passage dans le système. L'enfourchant, je traversai ainsi les étendues vertes de la planète sous les regards des quelques badauds présents, il était rare de voir ce genre d'engin ici.

Au fur et à mesure que je progressais, une quantité grandissante d'images me revenait en tête. Les contours de la ville où j'avais vécu mes premières années s'esquissèrent à l'horizon. Je déposai mon véhicule à l'entrée de la ville. Habituellement j'aurais laissé mon droïde à ses côtés pour le surveiller mais celui m'attendait sagement à Coruscant et de plus, l'endroit n'est pas mal famé.

A peine avais-je passé l'enceinte que je pus aisément remarquer l'agrandissement que la cité avait subi, sans parler des rénovations apportées. Je marchai ainsi, redécouvrant cet endroit que par le passé je connaissais par coeur. Mon trajet m'emmena sur le marché que je parcourus rapidement avant de m'arrêter un instant. Quelque chose me perturba, un mal de crâne soudain ainsi qu'une sensation étrange, semblable à un bouleversement dans la Force. Je tournai la tête tout naturellement mais brièvement, sans rien remarquer. Je continuai alors, quittant la foule.

Ma destination arriva et étrangement, alors que je me trouvais sur le seuil, je n'entrai pas. Je n'osais simplement pas. Je pris une inspiration et me plaçai face à la porte, sans agir pour autant. Une légère brise couvrit de faibles bruits de pas que, sur le moment, je ne perçus pas, mes oreilles étant couvertes par le capuchon de ma tunique de cuir.

Enfin, une ombre se dessina dans mon dos...

Réflexion. Plus un bruit, une légère brise caressait ma nuque à moitié recouverte de ma tunique. Le calme avant un tonnerre de rage. Bruits de pas déterminés en pleine course. Ils se rapprochaient de moi à vive allure. Ma main directrice fila à ma ceinture et y agrippa le manche de mon arme qu'elle dégaina.

Je me retournai et plaçai ma lame en opposition à celles de mon agresseur, qui se révéla être de sexe féminin. Je ne pus entrevoir tout d'abord que ses yeux arborant la douce couleur dorée du regard obscur corrompu par la haine. Le choc de son attaque fit céder mes appuis réflexes et peu appropriés pour un assaut direct de cette violence. Mon dos s'écrasa contre la porte à laquelle je faisais face jusqu'à l'attaque. Celle-ci céda, quelle belle entrée je fis. Mère se reposait et fut brusquement sortie de son sommeil, en sursaut. Je fis une roulade et bloquait ma glissade avant de me relever.

Sans quitter des yeux celle qui m'en voulait, pour une raison que j'ignorais, je dis à celle que j'étais venu voir :

"Mère, c'est moi, Eokar. Reste en arrière le temps que cette affaire se règle."

Elle m'écouta, étonnée de me voir tout de même, et se réfugia derrière un meuble pendant que je préparais ma défense et ma contre-attaque, en parfait respect de ma formation de Jedi Gardien.

Ma main s'amusa avec mon arme dans de multiples rotations de poignet rapides avant de venir la placer à mi-hauteur, légèrement oblique, prête à toute éventualité tandis que je détaillais mon adversaire, une jeune Jedi Noir ou plutôt Sith étant donné la perturbation que je ressentais ainsi qu'une sensation étrange que je ne saurais décrire...

Je cherchai dans son regard tout signe de l'attaque suivante pour pouvoir anticiper et réagir au mieux.

"J'ignore ce que tu cherches, vermine Sith, mais je doute que tu le trouves ici. En revanche, prends-toi-en à moi si tu le souhaites mais laisse les citoyens en dehors de cette histoire. Je ne souhaite pas te tuer alors ne m'oblige pas à devoir le faire s'il en va de la vie de quelqu'un."

Estimant avoir été clair, je me tus et attendit la réaction de la demoiselle Sith.

Mon regard ne la quittait pas, le sien non plus. Nos yeux se vouaient une guerre sans pitié, à leur échelle. Je captais des impressions, murmurées, des flashs car j'étais parvenu à percer son intimité. Mais, commençant à être perturbé par ce que je percevais, je rompis le lien à sens unique et me focalisai de nouveau uniquement sur ses mouvements.

Sa réplique me glaça, même s'il était hors de question que je cède.

"Ma mère et moi ? Mais que nous veux-tu ? Nous ne te connaissons même pas."

Elle profita de mon temps de parole pour lancer une nouvelle attaque dont la faible vivacité me surprit, venant d'un Sith. Je passai alors mon arme dans ma main directrice pour bloquer le premier coup et, plaçant mon bras libre au bon endroit, je la laissai me toucher sur le flanc de sa seconde arme, dans un effleurement. Déviant finalement le premier assaut, je reculai et dans un tour sur moi-même, je me libérai d'une couche de vêtements que son sabre m'avait gentiment aidé à enlever.

Durant le contact, mon avant-bras avait dû la toucher et des picotements me lacérèrent. La théorie aurait voulu que j'attaque à mon tour mais cet incident ne me le permettait pas. J'arrachai alors mes manches, libérant mes avant-bras. Je joignis les mains et créai rapidement une boule de Force pure avant de l'envoyer sur mon adversaire, en même temps que mes marques se mirent à rayonner d'une lueur mélangeant blanc, azur et bleu foncé.

Mon but était simplement de gagner du temps, j'avais visé son abdomen en prévoyant que cela la fasse reculer brusquement et tomber, me laissant ainsi le temps de prévoir la suite du combat, qui durerait certainement jusqu'à l'épuisement de l'un ou de l'autre puisque les lois Jedi interdisent de tuer sauf nécessité ultime et également que je sentis que ses attaques n'avaient pas pour but de me tuer.

Quelque chose me permettrait de le confirmer.

"N'as-tu pas peur de déshonorer ton camp ? J'ai déjà vu des enfants combattre avec plus de conviction que toi."

Je baissai les yeux sur un objet mouvant qui semblait provenir d'une des poches de la demoiselle. L'observant avec un peu plus d'attention, je reconnus Mère ainsi que moi, je devais avoir un ou deux ans, pas plus. Je relevai doucement le regard vers elle.

"Qu'est-ce que cela signifie ? C'est la photo que celui qui t'envoie t'a remise afin de nous reconnaître et nous tuer ?"

Ma tentative pour l'éloigner fonctionna mais je n'avais pas pris en compte sa possibilité de prendre appui sur le mur pour revenir à la charge de plus belle. Puis un courant électrique parcourut ses mains et ses sabres avec lesquels elle m'asséna de multiples coups que je parvins à bloquer et au milieu de mes contres, je plaçai un balayage ayant pour but de la faire tomber au sol, en vain.

Les mots qui suivirent me pétrifièrent littéralement. Comme choqué, ma garde s'effaça alors que je posais de nouveau les yeux sur elle, cherchant à comprendre.

"J'ai.. Une soeur ?"

Dès lors, je perdis toute motivation de combattre. Son balayage me fit chuter de plus haut encore. Je ne réalisais toujours pas. Elle en profita pour m'immobiliser d'une clé de bras, je ne luttai pas et me laissai tomber au sol. Elle me dominait alors et n'avait eu d'autre choix que de relâcher sa prise, qui de toute façon était superflue.

Mes yeux trouvèrent les siens et dans un geste insensé, j'approchai ma main de sa joue, y apposant tout d'abord le bout des doigts puis j'y posai la paume. Mais je me retirai vivement, ce contact me déclencha de nouvelles sensations de brûlure sur les avant-bras, je pensais d'ores et déjà savoir pourquoi.

Elle savourait toutefois sa victoire, réflexe de Sith.

Sans rajouter mot, je créai soudainement un choc de Force répulsif tout autour de moi, mais à faible intensité tout de même, pour qu'elle ne se blesse pas. Mes marques, qui avaient prises une coloration rougeoyante à son contact, redevinrent bleutées alors que mon pouvoir m'avait libéré de son étreinte. J'en profitai pour m'éloigner rapidement, le temps d'assimiler. Je m'assis sur le canapé, lançant un regard interrogatif à Mère qui acquiesça d'un hochement de tête navré, sans oser bouger.

Je repliai les genoux, y coinçant ma tête et mes mains en étau sur celle-ci, immobile. Sans la regarder, je lui adressai :

"Si tu ne veux pas me tuer, que comptes-tu faire ?"

Incompréhension. Peur. Doutes. Douleur. Tant de sensations pénibles qui s'accumulaient. J'entendis ses pas se rapprocher, elle tournait à la façon d'un requin autour de sa proie avant de porter le coup fatal. Mais je ne me souciais plus de rien, seule cette vérité presque inconcevable emplissait mon esprit, et impossible de lutter pour l'en retirer. J'en pleurais bruyamment, je n'étais pas beau à voir.

Elle usa du même stratagème que moi un peu plus tôt. Mon poing alors posé sur ma rotule se serra, ma tête se libéra de son étau, mon regard se releva à mi-hauteur, droit devant moi. Dès qu'elle eut finit sa phrase, je me levai à mon tour pour lui faire face.

"Le Conseil.. Il ne doit pas savoir, il ne saura pas. Et comment pourrais-je mettre ma soeur, dont j'ignorais l'existence jusqu'à maintenant, hors d'état de nuire ? Je ne sais pas si tu partages les mêmes principes que moi, et j'en doute, mais pour moi la famille est ce qu'il y a de plus important. Même si ton affiliation devrait me pousser à le faire, je n'ai aucunement envie de te tuer. Il n'est pas trop tard, il a encore du bon en toi, ça crève les yeux, sinon je ne serai pas là à faire ce discours, un vrai Sith m'aurait tuer sans discuter, toi tu as agi tout autrement..."

De nouveau, des larmes coulèrent sur mes joues malgré mes efforts. Et profondément, j'espérais à cet instant qu'elle crée un contact physique, peu importe la réaction de mes marques.

Je répondis dans la foulée à sa deuxième remarques, entre deux sanglots.

"Si tu voulais vraiment me tuer, ce serait déjà fait. Tu as dit vouloir te venger, mais te venger de quoi ? Je ne savais même pas que j'avais une sœur. Je n'ai eu que des flashs incomplets et peu explicites. J'étais jeune, je ne me souviens de rien. Je pensais que cela découlait de mon souhait d'avoir une sœur et non pas que c'était les seuls et brefs souvenirs que j'avais d'elle."


"Néanmoins.."

J'écartais les bras, mains ouvertes.

"Si je me trompe et que tu veux prendre ma vie, fais-le. Mais fais-le vite.."

Je ne pus m'empêcher une fois encore de la dessiner du regard. Ses traits étaient fins, ses lignes pures, sa peau douce et pourtant, a priori contre son gré, son âme ne demandait qu'à faire couler le sang. Je tentais de lire en elle, la regardant droit dans les yeux. Mais ses iris ambrées semblaient bloquer toute tentative.

Je baissai la tête, résigné. Bizarrement, elle attendait. Hésitait-elle ? De son côté, Mère restait silencieuse malgré ses pleurs, me voyant déjà mort.

De nouveau elle parla, je levai simplement les yeux pour montrer mon attention à ses mots et je répondis :

"Non, je ne souhaite pas faire de toi une Jedi. J'aimerais juste que tu ne sois plus une Sith, que tu rejettes le côté obscur, même si tu ne considères pas qu'il existe. Ou alors, je pourrais faire de toi une Jedi dans le dos de l'Ordre. Ainsi tu n'obéirais à personne ou juste moi, dans une certaine mesure. Ou encore, on pourrait appliquer cette idée avec l'accord du Conseil une fois que toute trace d'obscurité serait effacée de ton esprit. Le Conseil croit en moi et je pense pouvoir dire que je suis convaincu qu'il m'écoutera, surtout s'il sait que tu es ma soeur et que tu as acquis ta maîtrise de la Force seule. Enfin, c'est ce qu'il croira."

Sa main approcha et effleura mon visage, tournant légèrement durant la caresse. De nouveau, la brûlure me tressaillit mais je commençais à m'y habituer, étrangement.

Son arme se leva face à moi, je fermai les yeux, cherchant quoi faire dans la Force. Je pus voir la scène d'un autre regard, je la voyais et me voyais aussi, ainsi que Mère. Elle fit un pas en avant et sans réfléchir je fis pareil mais je réalisai alors bien vite qu'au lieu de me tuer, elle avait avancé pour m'enlacer. Par réflexe, je plaçai mes mains dans ses cheveux. Je laissai mes larmes s'écouler, je me sentis libéré d'un lourd poids.

"Tu as déjà fait le premier pas vers la rédemption. Je t'aiderai à franchir les suivants, petite soeur."

Puis elle s'adressa à Mère qui se leva timidement pour répondre.

"Vous n'avez qu'un an d'écart. Un jour j'ai découvert que votre père était un Sith. Quand j'ai voulu lui en parler, il était fou de rage et partit avec Yrina. Je ne pensais pas qu'Eokar en aurait des souvenirs et j'ai ainsi pensé que ce serait plus facile pour lui de ne pas connaître la vérité. Je me doutais qu'il tenterait d'en faire une Sith elle aussi, voilà pourquoi j'ai hésité à laisser Eokar devenir Jedi car il était fort probable que vous soyez amenés à être confrontés l'un à autre un jour. Mais au final, j'ai bien fait de le laisser accomplir sa destinée, il est devenu et beau et bon jeune homme, tout comme tu es très belle ma fille. Maintenant que vous semblez réconciliés, vous pourrez rester autant que vous voulez, à condition que tu laisses cette arme de côté, ma chérie."

Elle s'avança et nous enlaça tous les deux. La douleur de mes marques était intense depuis plusieurs minutes maintenant mais à vrai dire je m'en fichai ; et à ma grande surprise, au bon d'un certain temps, je ne sentis plus rien. Je la serrai d'autant plus, me délestant désormais de larmes de joie, d'avoir retrouvé un être cher dont je ne faisais qu'espérer l'existence.

Les choses les plus inattendues sont parfois les plus agréables. Et pour cause, je profitai au maximum de ce rapprochement alors qu'en parallèle, les larmes cessèrent. Pourtant je ne réalisais toujours pas que cette révélation était bel et bien vraie, que j'avais une sœur et que je n'aurai probablement plus à quitter. Cette dernière pensée me réjouissait car la solitude était ma seule amie à l'académie, sans compter Maître Malchar. J'avais besoin de renouveau, de quelqu'un sur qui compter. Et même pour l'instant ce n'était pas le cas, je savais déjà que ça changerait.

Je fus amusé de l'avoir faite sourire, c'était sans doute ma plus belle récompense de la journée. Elle ne semblait pas le faire souvent mais cela l'embellissait à tel point qu'il aurait été impossible de croire qu'elle était une tueuse jusqu'à alors.

"Tu verras, ça viendra doucement."

Lui répondis-je, souriant à mon tour.

Je la sentis se crisper lorsque Mère prit la parole, ses mains s'accrochèrent davantage dans mon dos. Ca ne me dérangea pas mais simplement me surprit. Je lui caressai les cheveux pour l'apaiser.

Puis, le contact se brisa, à mon plus grand désespoir, mais je ne dis rien, laissant les deux femmes échanger quelques paroles.

"Dans ce cas, ne les utilise pas ici, c'est tout ce que je te demande."

Par la suite, Yrina nous amena à sa suite sur le canapé. Je me trouvais alors à sa droite. Automatiquement, je gardai sa main dans la mienne, effleurant ses doigts fins de mon pouce alors que je déposai ma tête à la base de son cou, au dessus de sa poitrine. Je ne saurais expliquer pourquoi mais je ressentais désormais le besoin d'avoir un contact permanent avec elle.

De nouveau elle interrogea Mère, qui répondit :

"Je m'attendais à cette question. Vois-tu, n'étant pas mariés, ton père... votre père et moi voulions que nos enfants aient une marque de nous. Ainsi, Eokar hérita de mon nom. Seulement, c'est peu après la naissance d'Yrina que je découvris qui il était. Il partit avec elle. Seulement, je ne pensais pas qu'il te donnerait tout de même son nom. Peut-être savait-il qu'Eokar deviendrait Jedi et ainsi cela t'aurait facilité la tâche de le retrouver, je ne sais pas..."

[Un peu court..]